Le musée
L’histoire de l’édifice
La collégiale Saint Siméon, ouvrage de style roman, et la Porta Nigra, bâtie par les Romains, forment ensemble un complexe architectural sans égal en Allemagne. Construite par les Romains en pierres de taille au IIe siècle après J.-C., la Porta Nigra était une porte fortifiée du mur d’enceinte qui, bien au-delà de l’époque romaine, marquait la limite de la ville au nord. Il est probable qu’elle aurait subi le même sort que les autres portes et aurait été détruite si Siméon de Syracuse, pèlerin et conseiller de Poppon de Babenberg, alors archevêque de Trèves, ne s’était pas fait emmurer dans la tour est en 1030, pour y vivre en ermite jusqu’à la fin de sa vie. À sa mort en 1035, il fut inhumé dans la Porta Nigra et canonisé peu de temps après.
Poppon de Babenberg fit remblayer le soubassement de la Porta Nigra et transformer ses deux étages supérieurs en une double église dédiée à Saint Siméon. Il fonda, avoisinante à l’église Saint Siméon, une collégiale de chanoines et fit construire un cloître à deux étages (rappelant la double église) qui s’inscrivait dans un carré. La collégiale devint un haut lieu des sciences et des soins prodigués aux pauvres. La collégiale n’échappa pas à vague de sécularisation de 1802, elle fut dissoute et le bâtiment vendu à des particuliers. Ce n’est qu’en 1917 que la ville put acquérir le terrain, et les années suivantes furent consacrées à la restauration du bâtiment passablement tombé en ruines sous la direction de Friedrich Kutzbach, l’aile ouest dut être entièrement reconstruite. Le complexe fit l’objet d’une campagne de restauration d’envergure qui dura de 2004 à 2007, et les architectes du cabinet Baumewerd, Münster/Cologne y adjoignirent une extension en prolongement de l’aile nord.
Histoire de la collection
Le musée créé en 1904 et sa collection de costumes traditionnels et d’objets utilitaires prirent place tout d’abord dans les salles de la « Rotes Haus » et de la Steipe sur le Grand Marché. Les importantes donations de Trévirois du XIXe siècle forment le socle de la collection actuelle : Joh. Peter Job Hermes, Carl Schoemann, Wilhelm Rautenstrauch, Franz Xaver Kraus et Franz von Pelser-Berensberg ont légué au musée tableaux, sculptures, objets d’artisanat d’art et textiles. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le musée prend le nom de « Moselmuseum » (Musée de la Moselle) qui signifie la volonté de dépasser un cadre strictement régional. La collection est essentiellement axée autour de l’art trévirois à partir de 1800, une importante collection d’objets égyptiens et asiatiques y est adjointe. La Deuxième Guerre mondiale empêcha les nationaux-socialistes de mettre en œuvre leur plan de fusion de l’ensemble des collections tréviroises dans un « Großmuseum der deutschen Westmark » (Grand musée de la Marche occidentale) qu’aurait abrité le Palais des princes-électeurs. Sauvées, les collections du « Moselmuseum » furent entreposées à la fin de la guerre dans les bâtiments du Simeonstift qui permettaient de reprendre l’activité du musée, et ce transfert initialement provisoire s’avéra définitif.
Enrichies dans l’intervalle par la collection Irmgard et Cuno Stapels, la collections d’antiques lampes à huile de Carl Adolph Mummenthey et les legs des peintres trévirois Hans Adamy, August Trümper et Fritz Quant, le fonds accueillit en 1987 la collection Dr. Martin Schunck qui intègre notamment des tableaux et sculptures, en partie majeurs, couvrant cinq siècles de création, du XVe jusqu’au XXe. Les quelque 1250 pièces de la collection de petites sculptures d’Asie orientale, datant pour la plupart des XVIIe et XVIIIe siècles, se taillent la part du lion de ce legs, c’est la plus grande collection de ce genre en Allemagne. Après trois ans de travaux et de restauration, le musée rouvrit ses portes en 2007 sur une collection permanente entièrement repensée, axée autour de l’histoire de la ville, et avec deux généreuses salles d’exposition qui accueillent les expositions temporaires.